La conférence mensuelle était ce mois-ci animée
par les Sœurs de la Bonne Nouvelle. Cette présentation enrichissante et très
touchante nous a révélé l’action sociale
et missionnaire de nos sœurs qui souhaitent partager avec les plus pauvres
leurs joies, leurs souffrances et leurs espérances.
1 - Présentation de la congrégation
La congrégation des Sœurs
de la Bonne Nouvelle, née à Toulouse en 1986, est une émanation de l’association
ATDQuart Monde. La congrégation ne compte que 5 religieuses, 3 en France et 2
ici aux Philippines où la communauté est présente depuis 2003. Leur lieu de vie se situe dans un bidonville à Sawata, sur la C3,
commune de Navotas dans le Nord-Ouest de Manille.
L’objectif
de la congrégation est de réunir les riches et les pauvres autour de la
table eucharistique.
2 - Diffusion d’un film sur la vie dans le
bidonville
Après les présentations, diffusion d’un film tourné à Sawata sur la
vie des pauvres dans le bidonville. La très belle musique du film, le sourire
des uns et des autres malgré l’adversité, leurs activités quotidiennes donnent
à ce film un caractère bouleversant. On y entend le témoignage de plusieurs
femmes parlant de leur vie, de leur foi, mais on les voit aussi autour de la
table eucharistique.
Après le film, Sœur Anne nous
parle de leur proximité avec les pauvres à travers le témoignage de Joséphine et
de sa famille. La famille de Joséphine a pour tout horizon les containers du
port de Manille. C’est à travers les difficultés quotidiennes qu’une relation
de confiance peut s’établir entre les sœurs et cette population. Il y a bien sur
tout ce que les sœurs peuvent leur apporter au niveau du quotidien par exemple l’apprentissage de l’hygiène lors
d’un camp de vacances organisé pour les enfants. Les enfants se sont familiarisés
avec la douche quotidienne, se sont brossé les dents, ont mangé à leur faim etc.
Dans la famille de Joséphine les enfants ne vont pas à l’école mais l’ainée des
enfants, Josephel, ayant manifesté le désir d’apprendre à lire et à écrire, les
sœurs l’ont inscrite dans une école. Malheureusement, la grande différence d’âge
entre Josephel et les jeunes écoliers, la peur de la maitresse, les horaires, ont été autant d’obstacles à la poursuite de
la scolarité.
Sœur Anne revient sur la
confiance qui est primordiale si on veut établir des liens et fait alors référence
à Jésus se trouvant près de la piscine de Bethseda. Le Christ établit tout
d’abord une relation avec ces hommes souffrants, Il va vers eux et c’est toute
la philosophie de cette congrégation que d’aller vers les plus pauvres, sur leur
lieu de vie quel qu’il soit. Ce sont souvent les enfants qui permettent de
faire le lien avec les familles qui au départ sont très méfiantes.
2 – La foi des pauvres nous interpelle
Un film nous est à
nouveau proposé, il a été tourné dans la paroisse de San Lorenzo Ruiz.
Les sœurs proposent aux
pauvres de prier sur leurs lieux de vie. Pour cela, ils ont édifié une petite
chapelle avec les moyens du bord. Ils ont construit un petit autel surmonté d’une bâche
offerte par un membre un peu plus aisé de la communauté et chacun a placé sur
l’autel de petits objets religieux. La séance de prière commence généralement par
des remerciements, des actions de grâce et se poursuit par la lecture d’un psaume,
la prière des pauvres, ensuite vient la parole de Dieu. Le Notre Père, moment très
intense, vient clore la célébration.
Dans le film, un homme
sur un pédicab témoigne de son changement radical de vie depuis l’arrivée des sœurs.
Il a cessé de boire et sa vie s’en est trouvée bouleversée. La présence des
sœurs dans le bidonville leur permet de nourrir et de raviver leur foi.
Présentation de la
Chapelle de la Conversion édifiée par les familles pauvres et nommée ainsi par
elles, ce qui témoigne du changement opéré dans leurs cœurs.
Dans ce film on y voit
aussi un prêtre célébrant la messe devant des barbelés installés par le
gouvernement pour empêcher les pauvres de s’établir sous le pont, leur lieu de
vie.
Puis on assiste à un partage de la parole de Dieu et chacun des
participants réfléchit sur la manière dont cette parole les rejoint dans leur vie.
Sœur Anne insiste sur le
fait que ce qui les maintient debout c’est leur foi ainsi que leur forte
cohésion sociale. Leur foi en Dieu est aussi fraiche que celle d’un enfant tant
le doute ne semble pas les effleurer. Dieu est présent dans chacun des actes et
des moments de leur vie. Ils vivent leur pauvreté comme une fatalité et
attendent de Dieu force et réconfort. Il n’y a aucune animosité chez ces
pauvres, pour eux personne n’est responsable et ils ne jalousent pas le monde
des riches. Ils vivent dans leur monde mais souhaitent néanmoins que leurs
enfants puissent s’en extraire.
3 - Autres actions
Pour venir en aide aux
plus défavorisés, les sœurs ont mis en place un artisanat de création de bijoux
en vue de les vendre en France pour assurer un petit revenu à la communauté. Pour
éviter que l’argent ne vienne diviser le groupe, il a été rédigé une charte. Le
travail se fait donc en groupes, hommes et femmes confondus au rythme de 1h30
tous les 15 jours. Cette vente de bijoux permet de soutenir un fond de solidarité
qui vient financer les dépenses médicales mais aussi les frais administratifs
relatifs au relogement, à l’achat de pedicabs mais aussi à la délivrance de papiers
administratifs tels que le certificat de naissance que l’on demande ici aux Philippines
pour toutes sortes de démarches notamment
si l’on recherche un emploi.
Malheureusement, ce
groupe d’artisanat s’est dissous suite au relogement, dans des maisons
construites par un prêtre coréen, des 14 familles vivant sous le pont. Les
familles n’ont qu’une petite pièce de quelques m2 (2 ou 3 au vu de la vidéo). Les sœurs les
invitent maintenant à être missionnaires
sur leur nouveau lieu de vie.
Les sœurs se refusent à
faire de cet artisanat une institution car leur vocation est de se tenir auprès
des pauvres et non pas de consacrer leur temps à faire vivre une institution.
4 - Ouverture sur les autres milieux
Ouvrir les pauvres aux
autres milieux voilà un des objectifs de cette congrégation pour que les pauvres
se sentent valorisés et acceptés. Pour ce faire, chaque 1er dimanche
du mois les sœurs organisent une journée Portes Ouvertes autour d’un temps de prière
où riches et pauvres peuvent se mêler. Nous y sommes tous conviés. A ce propos, les sœurs
demandent si nous ne pouvons pas sensibiliser nos connaissances philippines, de
préférence riches, au sort de ces pauvres.
Un échange de questions
et réponses très constructif vient clore
cette soirée très enrichissante mais auparavant les sœurs nous ont livré un de
leurs secrets : 2h de contemplation et d’adoration par jour sans compter
les offices et la messe quotidienne !
Quel beau
programme !
Nous remercions vivement
Sœur Anne et Sœur Marie-Amédée pour ce beau témoignage et nous souhaitons
longue vie à leur action.
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